«Comment se fait-il que la meilleure unité de la police ne réussisse pas à arrêter un homme tout seul ?» C'est la question que pose ce vendredi Christian Prouteau, fondateur du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), dans Ouest France.
Etonné que l'opération du Raid, unité concurrente du GIGN, se termine par la mort du forcéné Mohamed Merah, Prouteau estime qu'elle a été «menée sans schéma tactique précis», et s'étonne notamment de l'absence d'utilisation de gaz lacrymogène.
«On aurait pu lui tendre une souricière»
«Il fallait le bourrer de gaz lacrymogène», assure-t-il. «Il n'aurait pas tenu cinq minutes. Au lieu de ça, ils ont balancé des grenades à tour de bras. Résultat : ça a mis le forcené dans un état psychologique qui l'a incité à continuer sa guerre.» «En fait, je pense que cette opération a été menée sans schéma tactique précis. C'est bien là le problème», assène Christian Prouteau.
Celui qui a également été le créateur en 1983 du Groupe de sécurité de la présidence de la République (aujourd'hui dissous après avoir été en fonction sous François Mitterrand et Jacques Chirac), estime qu'un autre type d'intervention était possible.«On aurait pu lui tendre une souricière», explique-t-il.
«Attendre qu'il sorte et le coincer». «Cela peut paraître présomptueux», ajoute-t-il, «mais, en soixante-quatre opérations menées par le GIGN sous mon commandement, il n'y a pas eu un mort.»
Le patron du Raid défend les siens
Dans une interview au Monde.fr, le patron du Raid Amaury de Hauteclocque défend de son côté ses troupes, décrivant un Mohamed Merah à la «détermination sans faille».
C'est la première fois de ma vie que je vois quelqu'un, alors que nous lançons un assaut, venir mener l'assaut contre nous», raconte-t-il. Mohamed Merah attendait les hommes du Raid, «en posture de combattant».
Plusieurs questions ont surgi au cours des deux derniers jours autour de l'intervention du Raid, qui s'est soldée jeudi en fin de matinée par la mort à Toulouse de Mohamed Merah, 23 ans, auteur de sept meurtres, après un siège de 32 heures et une fusillade nourrie.
La solution du gaz lacrymogène fait notamment débat, certains estimant que l'individu aurait pu mourir asphyxié, et donc en dehors du cadre de la légitime défense.
«La mission est accomplie» a déclaré Gérard Longuet, ministre de la défense, sur Canal +. «Mais face à un événement de cette importance, il y a un devoir absolu, c'est d'en tirer le maximum de leçons, chacun dans sa sphère de responsabilités». Ce qui ne signifie pas, selon lui, «écouter les donneurs de leçons».
LeParisien.fr