Nicolas Sarkozy est attendu ce matin à Nantes pour un congrès national des pompiers qui sent le soufre : les professionnels sont très insatisfaits de l’évolution de leur carrière et de la prime au volontariat. En Lorraine aussi.
Prêts à s’enflammer. Les plus pessimistes estiment que l’état d’esprit du moment des sapeurs-pompiers professionnels rappelle novembre 2006 et la grande manifestation parisienne sur les retraites, qui avait dégénéré en baston avec les CRS.
« Sur la valorisation de la filière sapeurs-pompiers, c’est bien simple, on revient dix ans en arrière », tempête Vincent Ryckelynck, professionnel à Hagondange et délégué mosellan du syndicat autonome (SA-SPP-PATS). Pire, en plein congrès national des sapeurs-pompiers de Nantes, que clôturera ce matin Nicolas Sarkozy, les organisations syndicales fourbissent déjà leurs armes et préparent les actions à venir. « C’est vrai, on sait déjà ce qu’on fera si les annonces vont dans le mauvais sens, comme on le pressent », analyse Benoît Bitte (CFDT, Saint-Avold). Alors que le volontariat connaît des difficultés de recrutement et que les règles européennes liées au repos de sécurité perturbent la stratégie de renouveau des effectifs bénévoles souhaité par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), ce sont pourtant les « pros » qui sont prêts à passer à l’offensive. « On a professionnalisé des volontaires pour ne pas avoir à recruter des pros. Bref, on brade la sécurité au quotidien sous prétexte de faire des économies », se fâche Jean-Philippe Parella, las d’avaler des couleuvres depuis des années en Moselle. Le délégué CGT (Metz) est rejoint dans son analyse par Benoît Bitte : « Je connais des volontaires qui effectuent des gardes de 24 h et qui reprennent leur job de chauffeur de bus scolaire. Tant qu’il n’y a pas d’accident, tout le monde s’en fout. Lorsque cela arrivera, ce sera trop tard », plaide-t-il.
La doctrine générale de l’État, selon Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, présent hier en Loire-Atlantique, est des plus claires : « La sauvegarde de notre modèle passe par l’accroissement du volontariat », a-t-il récemment revendiqué. Alors que les volontaires sont érigés en héros, les professionnels sont priés de rester à leur place. « Pour attirer plus de volontaires, qui réalisent déjà 64 % des interventions, on va réduire leur formation à la portion congrue. Le fossé va encore se creuser entre eux et nous », grommelle Jean-Philippe Parella, qui constate que les recrutements de pros (700 en Moselle) sont gelés, alors que quantité de volontaires deviennent des « quasi-salariés ».
En scrutant le dessous des cartes qui ont permis au gouvernement une réforme servie clé en main par la Fédération, ils ciblent son président, le colonel Richard Vignon, le premier pompier à devenir préfet (délégué à la sécurité en Lorraine) « On est certain qu’il s’agit là d’une récompense pour service rendu… au gouvernement », résument en chœur les trois syndicalistes, tous déterminés à monter au feu, socialement parlant, ces prochaines semaines. « La Fédération nationale ne représente que l’encadrement supérieur, au garde-à-vous devant nos bailleurs de fonds », grince Jean-Philippe Parella. À cet égard, le socialiste Claudy Lebreton, président de l’assemblée des Départements de France, est un partisan déclaré et de poids de la réduction de la masse salariale dans les services d’incendie et de secours « car les Départements sont étranglés financièrement ». Les lendemains de congrès pourraient rapidement ressembler à une bonne gueule de bois chez les soldats du feu.
Le républicain lorrain
Prêts à s’enflammer. Les plus pessimistes estiment que l’état d’esprit du moment des sapeurs-pompiers professionnels rappelle novembre 2006 et la grande manifestation parisienne sur les retraites, qui avait dégénéré en baston avec les CRS.
« Sur la valorisation de la filière sapeurs-pompiers, c’est bien simple, on revient dix ans en arrière », tempête Vincent Ryckelynck, professionnel à Hagondange et délégué mosellan du syndicat autonome (SA-SPP-PATS). Pire, en plein congrès national des sapeurs-pompiers de Nantes, que clôturera ce matin Nicolas Sarkozy, les organisations syndicales fourbissent déjà leurs armes et préparent les actions à venir. « C’est vrai, on sait déjà ce qu’on fera si les annonces vont dans le mauvais sens, comme on le pressent », analyse Benoît Bitte (CFDT, Saint-Avold). Alors que le volontariat connaît des difficultés de recrutement et que les règles européennes liées au repos de sécurité perturbent la stratégie de renouveau des effectifs bénévoles souhaité par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), ce sont pourtant les « pros » qui sont prêts à passer à l’offensive. « On a professionnalisé des volontaires pour ne pas avoir à recruter des pros. Bref, on brade la sécurité au quotidien sous prétexte de faire des économies », se fâche Jean-Philippe Parella, las d’avaler des couleuvres depuis des années en Moselle. Le délégué CGT (Metz) est rejoint dans son analyse par Benoît Bitte : « Je connais des volontaires qui effectuent des gardes de 24 h et qui reprennent leur job de chauffeur de bus scolaire. Tant qu’il n’y a pas d’accident, tout le monde s’en fout. Lorsque cela arrivera, ce sera trop tard », plaide-t-il.
La doctrine générale de l’État, selon Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, présent hier en Loire-Atlantique, est des plus claires : « La sauvegarde de notre modèle passe par l’accroissement du volontariat », a-t-il récemment revendiqué. Alors que les volontaires sont érigés en héros, les professionnels sont priés de rester à leur place. « Pour attirer plus de volontaires, qui réalisent déjà 64 % des interventions, on va réduire leur formation à la portion congrue. Le fossé va encore se creuser entre eux et nous », grommelle Jean-Philippe Parella, qui constate que les recrutements de pros (700 en Moselle) sont gelés, alors que quantité de volontaires deviennent des « quasi-salariés ».
En scrutant le dessous des cartes qui ont permis au gouvernement une réforme servie clé en main par la Fédération, ils ciblent son président, le colonel Richard Vignon, le premier pompier à devenir préfet (délégué à la sécurité en Lorraine) « On est certain qu’il s’agit là d’une récompense pour service rendu… au gouvernement », résument en chœur les trois syndicalistes, tous déterminés à monter au feu, socialement parlant, ces prochaines semaines. « La Fédération nationale ne représente que l’encadrement supérieur, au garde-à-vous devant nos bailleurs de fonds », grince Jean-Philippe Parella. À cet égard, le socialiste Claudy Lebreton, président de l’assemblée des Départements de France, est un partisan déclaré et de poids de la réduction de la masse salariale dans les services d’incendie et de secours « car les Départements sont étranglés financièrement ». Les lendemains de congrès pourraient rapidement ressembler à une bonne gueule de bois chez les soldats du feu.
Le républicain lorrain