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La fermeture de cabinets dans le haut-pays entraîne une pénurie de médecins de famille, à peine 600 dans le département alors qu’il en faudrait un quart de plus
Le 31 août, à Valdeblore, le docteur Patrick Gomez da Rosa dévissera la plaque de son cabinet, après avoir définitivement mis la clé sous la porte... Comme on le lira en page suivante, son départ pose avec gravité le problème de la pénurie de médecins généralistes dans le haut-pays. D’autant qu’un autre médecin s’apprête à quitter Puget-Théniers... Une problématique qui ne se limite pas à la partie montagneuse des Alpes-Maritimes, car la crise des vocations touche également le littoral.
Président du conseil de l’ordre des médecins des Alpes-Maritimes, le docteur Jacques Schweitzer estime que la situation est critique. En effet, indique-t-il, sur les 3 000 médecins libéraux en exercice dans les Alpes-Maritimes, il n’y a que 600 médecins de famille. Les autres étant des spécialistes ou des praticiens à expertise particulière (acupuncteurs, homéopathes, etc.) « Oui nous sommes déjà en pénurie car ce chiffre de 600 médecins n’est pas suffisant ! »
À son avis, il en faudrait 25% de plus, c’est-à-dire 150, pour que les besoins sanitaires soient correctement pris en charge. Dans un département qui avoisine le million de résidents permanents. Sans parler de l’été où la population est multipliée par cinq. «Or, mentionne-t-il, deux médecins sur trois ne sont pas remplacés lorsqu’ils cessent leur activité*... »
Les raisons de ce déficit ? Pour le docteur Schweitzer, elles sont nombreuses. Il cite le métier d’abord, qui n’est pas valorisé dans les facultés où l’on adule les spécialisations. Viennent ensuite les honoraires, qui n’ont augmenté que de trois euros en trois ans, les assurances, les charges administratives croissantes, la pression de la sécu qui surveille les prescriptions : « Les médecins de famille n’en peuvent plus. Ils sont débordés, et la pénurie fait qu’ils ne peuvent plus assurer les visites, chacune d’elles prenant une heure de temps en ville. Leurs journées sont interminables et beaucoup sont au bord du burn-out** ». Mais alors, que faire docteur pour soigner l’hémorragie ?
« On a assez tiré sur les médecins ! »
« Tout d’abord réhabiliter la profession sur laquelle on a assez tiré ! » Comment ? « En revoyant par exemple les honoraires en fonction du service rendu. Le gros des efforts doit porter aussi sur la création de maisons médicales. Dans les Alpes-Maritimes, le conseil général s’est investi, mais ses actions ne sont pas suffisamment pérennes : il faut mettre davantage de moyens ne serait-ce que dans le secrétariat que les collectivités doivent prendre en charge car pour un poste, avec les RTT et les congés, il faut embaucher trois personnes ce que les médecins ne peuvent se permettre. »
Le président du conseil de l’ordre estime qu’il faut également augmenter le «numerus clausus» qui limite le nombre d’étudiants en médecine : « On paye les restrictions imposées depuis dix ans. Il manque 7 000 médecins en France. » Une vérité qu’il n’a pas manqué de glisser à Xavier Bertrand, ministre de la santé, lors de sa dernière visite à Nice, en lui précisant que les statistiques sont fausses qui portent à croire que les médecins sont en surnombre sur la Côte. Les patients, de plus en plus souvent contraints à passer d’interminables moments dans la salle d’attente de leur généraliste surbooké s’en rendent comptent.
*Les fermetures de cabinets de médecins généralistes dans les A.-M. : 174 en 2008; 153 en 2009; 158 en 2010...
**Syndrome de l’épuisement professionnel.
Nice-Matin
