par Malaise chez les gardes forestiers
"C'est un métier de passion. On entre dans le forestier comme on entre dans les ordres." Joseph Albertino travaille à l'Office national des forêts (ONF) depuis dix-huit ans. Comme la plupart de ses collègues, c'est la proximité avec la nature qui l'a décidé à exercer ce métier : gestion d'une forêt, entretien des cours d'eau, coupe du bois...
Ce métier, il ne le reconnaît plus aujourd'hui. "Pendant longtemps, la profession de garde forestier faisait partie du service public. Il consistait à transmettre une forêt à ses successeurs, explique l'agent patrimonial (anciens gardes forestiers, NDLR). Depuis quelques années, on exploite le bois de façon mercantile. Les quotas de production sont fixés en contradiction avec la régénérescence de la forêt."
À cette nouvelle vision du métier s'ajoutent d'autres contraintes. En 1986, l'ONF comptait 15 000 postes, contre 9 800 aujourd'hui. "C'est un management par objectif, il faut faire toujours plus alors que les moyens diminuent", dénonce Philippe Berger, secrétaire général du Snupfen-Solidaires. Avec le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, 700 suppressions de postes devraient encore être annoncées.
Un "malaise" au sein de l'établissement
Les effectifs diminuent, la charge de travail s'alourdit en conséquence. Les agents patrimoniaux, en plus des tâches administratives, doivent gérer des parcelles de 1 600 hectares contre 800 auparavant. Cette nouvelle définition de l'espace fait partie d'une réforme qui a profondément changé l'organisation de l'ONF. "Avant 2002, les ouvriers forestiers étaient gérés sur le terrain par les agents patrimoniaux, explique Pascal Viné, directeur général de l'ONF. Avec la réforme, ils ont rejoint des agences qui pilotent à distance les travaux." Cette perte de proximité avec les ouvriers forestiers a conduit à un isolement croissant des 3 000 agents patrimoniaux, répartis sur 4,8 millions d'hectares.
Pour toutes ces raisons, Pascal Viné évoque un "malaise" au sein de l'établissement. Avec une moyenne d'âge de 50 ans, la majorité des agents patrimoniaux est entrée en fonction dans les années 80 et peine à s'adapter aux évolutions du métier. Depuis 2005, l'ONF a fait face à 24 suicides : les agents forestiers représentent 75 % des cas. Si l'ensemble des suicides ne peut être imputé aux conditions de travail, le lien entre les deux est inévitable. "Le fait de se supprimer sur son lieu de travail a une forte connotation, estime Joseph Albertino. Même dans la mort, il y a un attachement à la forêt".
Définir une nouvelle organisation
Récemment, le directeur général de l'ONF a présenté un plan renforcé sur les risques psychosociaux, dans le cadre du contrat d'objectif de l'établissement 2012-2016. "Le nombre d'assistantes sociales va doubler et un numéro vert va être mis en place", assure Pascal Viné. "C'est bien mais ça ne change pas le vrai problème, le manque de personnel", estime Philippe Berger, du Snupfen-Solidaires. Le 12 juillet dernier, les syndicats ont voté une motion exigeant un moratoire immédiat sur les diminutions d'effectif.
"Il faut surtout définir un nouveau mode de fonctionnement, répond Pascal Viné. Nous devons travailler sur l'articulation du travail entre les différents agents et améliorer la gestion des ressources humaines". Le directeur général de l'ONF compte rencontrer des agents patrimoniaux la semaine prochaine pour trouver un moyen de mettre en oeuvre ces objectifs.
lepoint.fr
"C'est un métier de passion. On entre dans le forestier comme on entre dans les ordres." Joseph Albertino travaille à l'Office national des forêts (ONF) depuis dix-huit ans. Comme la plupart de ses collègues, c'est la proximité avec la nature qui l'a décidé à exercer ce métier : gestion d'une forêt, entretien des cours d'eau, coupe du bois...
Ce métier, il ne le reconnaît plus aujourd'hui. "Pendant longtemps, la profession de garde forestier faisait partie du service public. Il consistait à transmettre une forêt à ses successeurs, explique l'agent patrimonial (anciens gardes forestiers, NDLR). Depuis quelques années, on exploite le bois de façon mercantile. Les quotas de production sont fixés en contradiction avec la régénérescence de la forêt."
À cette nouvelle vision du métier s'ajoutent d'autres contraintes. En 1986, l'ONF comptait 15 000 postes, contre 9 800 aujourd'hui. "C'est un management par objectif, il faut faire toujours plus alors que les moyens diminuent", dénonce Philippe Berger, secrétaire général du Snupfen-Solidaires. Avec le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, 700 suppressions de postes devraient encore être annoncées.
Un "malaise" au sein de l'établissement
Les effectifs diminuent, la charge de travail s'alourdit en conséquence. Les agents patrimoniaux, en plus des tâches administratives, doivent gérer des parcelles de 1 600 hectares contre 800 auparavant. Cette nouvelle définition de l'espace fait partie d'une réforme qui a profondément changé l'organisation de l'ONF. "Avant 2002, les ouvriers forestiers étaient gérés sur le terrain par les agents patrimoniaux, explique Pascal Viné, directeur général de l'ONF. Avec la réforme, ils ont rejoint des agences qui pilotent à distance les travaux." Cette perte de proximité avec les ouvriers forestiers a conduit à un isolement croissant des 3 000 agents patrimoniaux, répartis sur 4,8 millions d'hectares.
Pour toutes ces raisons, Pascal Viné évoque un "malaise" au sein de l'établissement. Avec une moyenne d'âge de 50 ans, la majorité des agents patrimoniaux est entrée en fonction dans les années 80 et peine à s'adapter aux évolutions du métier. Depuis 2005, l'ONF a fait face à 24 suicides : les agents forestiers représentent 75 % des cas. Si l'ensemble des suicides ne peut être imputé aux conditions de travail, le lien entre les deux est inévitable. "Le fait de se supprimer sur son lieu de travail a une forte connotation, estime Joseph Albertino. Même dans la mort, il y a un attachement à la forêt".
Définir une nouvelle organisation
Récemment, le directeur général de l'ONF a présenté un plan renforcé sur les risques psychosociaux, dans le cadre du contrat d'objectif de l'établissement 2012-2016. "Le nombre d'assistantes sociales va doubler et un numéro vert va être mis en place", assure Pascal Viné. "C'est bien mais ça ne change pas le vrai problème, le manque de personnel", estime Philippe Berger, du Snupfen-Solidaires. Le 12 juillet dernier, les syndicats ont voté une motion exigeant un moratoire immédiat sur les diminutions d'effectif.
"Il faut surtout définir un nouveau mode de fonctionnement, répond Pascal Viné. Nous devons travailler sur l'articulation du travail entre les différents agents et améliorer la gestion des ressources humaines". Le directeur général de l'ONF compte rencontrer des agents patrimoniaux la semaine prochaine pour trouver un moyen de mettre en oeuvre ces objectifs.
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