Le Collectif pour le contrôle des risques radioactifs (CCRR) menace de quitter aujourd’hui la Commission d’information du port militaire si sa parole n’est pas davantage écoutée
Huit chaufferies nucléaires - six pour les sous-marins et deux pour le porte-avions - à côté du centre-ville : voilà le risque nucléaire tel qu'il est connu au pied du Faron. Un risque pris en compte dans le Plan particulier d'intervention (PPI). Pourtant, si l'on en croit le Collectif pour le contrôle des risques radioactifs (CCRR), porte-parole du mouvement associatif local sur le sujet, le vrai danger ne se situerait pas dans le port militaire.
« La puissance de ces réacteurs est beaucoup plus faible que celle d'une centrale, explique André Pellen, président du CCRR. Et puis, la Marine gère ce dossier en grande professionnelle. Là où le bât blesse, c'est que tout le monde ne peut pas en dire autant… »
Directement visée : la préfecture du Var, maître d'œuvre du PPI. D'après André Pellen, l'institution traiterait le risque radioactif… par dessus la jambe. « Que cela soit clair : la probabilité d'un incident à Toulon est infinitésimale, poursuit celui qu'on peut difficilement taxer d'antinucléaire au regard de son passé d'ingénieur à EDF. Mais le risque zéro n'existe pas et il faut l'intégrer. Sur ce point, la préfecture est loin du compte. »
Trois ministères ont été informés
Ici, le principal grief concerne les exercices triennaux censés mettre à l'épreuve le PPI, et qui ne seraient que des « simulacres de dispositif ». Effectués en 2007 et 2010, ils n'avaient pas testé à grande échelle, par exemple, les évacuations, le confinement ou la distribution d'iode. Du coup, pour notre scientifique, la préfecture ne serait « pas forcément apte à garantir la sécurité des populations en cas de catastrophe, puisque n'ayant même pas effleuré cette organisation lourde. Ce PPI n'a en fait jamais été validé ! »
Si ce reproche n'est pas nouveau, la gronde atteint cette fois son paroxysme. Il y a quelques semaines, le collectif et trois autres structures(1) ont cosigné un courrier aux ministères de la Défense, de l'Intérieur et de l'Industrie. Objectif : informer le plus haut niveau de l'État « des dysfonctionnements de la Commission d'information du port militaire », dans laquelle siègent les autorités civiles et militaires, ainsi que le collectif. Car toujours d'après ces associations, la préfecture ne leur accorderait là-bas qu'un rôle mineur, « alors que nous connaissons bien mieux la problématique que des préfets en place pour deux ou trois ans ».
Du coup, elles menacent de se retirer de la commission si aucun « droit consultatif dans la préparation de l'exercice, de sa surveillance et son compte rendu » ne leur était accordé !
Côté préfecture, pas de réaction pour l'instant. Toutefois, on sait que l'évocation d'un exercice PPI « grandeur nature » fait parfois hausser des épaules. Les autorités municipales ou préfectorales jugeraient, entre autres, impossible de déplacer un grand nombre de personnes, même exceptionnellement. « Bloquer l'économie de la ville pendant toute une journée, c'est impensable », peut-on entendre ici ou là.
Quant à savoir si le collectif obtiendra gain de cause : réponse cet après-midi, lors d'une réunion semestrielle de la commission qui s'annonce déjà explosive.
1. Mart, UDVN, FVPPMA, etc.
Le PPI c'est quoi ?
Le Plan particulier d'intervention (PPI) a pour but de déterminer la conduite à tenir dans le cas d'un incident nucléaire survenant à l'intérieur du port militaire de Toulon, mais dont les conséquences menaceraient les populations civiles riveraines (rejets de gaz radioactifs dans l'atmosphère pouvant entraîner des dépôts au sol). La zone d'application de ce plan concerne les communes de Toulon, La Seyne-sur-Mer et Ollioules. Il s'ajoute à un Plan d'urgence interne (PUI) mis en œuvre par l'armée, qui affecte les moyens du ministère de la Défense à la maîtrise de la situation dans l'enceinte militaire et à la protection du personnel y travaillant.
Dans le cadre de la gestion du risque nucléaire, une commission d'information a aussi été créée en 2003. Présidée par le préfet, elle a pour vocation de répondre à toutes les questions relatives à l'impact des activités nucléaires sur la santé et l'environnement. Elle est composée de représentants de l'administration civile de l'État, des représentants des intérêts économiques et sociaux, des associations agréées de protection de l'environnement et des collectivités locales.
http://www.ppitoulon.net
Huit chaufferies nucléaires - six pour les sous-marins et deux pour le porte-avions - à côté du centre-ville : voilà le risque nucléaire tel qu'il est connu au pied du Faron. Un risque pris en compte dans le Plan particulier d'intervention (PPI). Pourtant, si l'on en croit le Collectif pour le contrôle des risques radioactifs (CCRR), porte-parole du mouvement associatif local sur le sujet, le vrai danger ne se situerait pas dans le port militaire.
« La puissance de ces réacteurs est beaucoup plus faible que celle d'une centrale, explique André Pellen, président du CCRR. Et puis, la Marine gère ce dossier en grande professionnelle. Là où le bât blesse, c'est que tout le monde ne peut pas en dire autant… »
Directement visée : la préfecture du Var, maître d'œuvre du PPI. D'après André Pellen, l'institution traiterait le risque radioactif… par dessus la jambe. « Que cela soit clair : la probabilité d'un incident à Toulon est infinitésimale, poursuit celui qu'on peut difficilement taxer d'antinucléaire au regard de son passé d'ingénieur à EDF. Mais le risque zéro n'existe pas et il faut l'intégrer. Sur ce point, la préfecture est loin du compte. »
Trois ministères ont été informés
Ici, le principal grief concerne les exercices triennaux censés mettre à l'épreuve le PPI, et qui ne seraient que des « simulacres de dispositif ». Effectués en 2007 et 2010, ils n'avaient pas testé à grande échelle, par exemple, les évacuations, le confinement ou la distribution d'iode. Du coup, pour notre scientifique, la préfecture ne serait « pas forcément apte à garantir la sécurité des populations en cas de catastrophe, puisque n'ayant même pas effleuré cette organisation lourde. Ce PPI n'a en fait jamais été validé ! »
Si ce reproche n'est pas nouveau, la gronde atteint cette fois son paroxysme. Il y a quelques semaines, le collectif et trois autres structures(1) ont cosigné un courrier aux ministères de la Défense, de l'Intérieur et de l'Industrie. Objectif : informer le plus haut niveau de l'État « des dysfonctionnements de la Commission d'information du port militaire », dans laquelle siègent les autorités civiles et militaires, ainsi que le collectif. Car toujours d'après ces associations, la préfecture ne leur accorderait là-bas qu'un rôle mineur, « alors que nous connaissons bien mieux la problématique que des préfets en place pour deux ou trois ans ».
Du coup, elles menacent de se retirer de la commission si aucun « droit consultatif dans la préparation de l'exercice, de sa surveillance et son compte rendu » ne leur était accordé !
Côté préfecture, pas de réaction pour l'instant. Toutefois, on sait que l'évocation d'un exercice PPI « grandeur nature » fait parfois hausser des épaules. Les autorités municipales ou préfectorales jugeraient, entre autres, impossible de déplacer un grand nombre de personnes, même exceptionnellement. « Bloquer l'économie de la ville pendant toute une journée, c'est impensable », peut-on entendre ici ou là.
Quant à savoir si le collectif obtiendra gain de cause : réponse cet après-midi, lors d'une réunion semestrielle de la commission qui s'annonce déjà explosive.
1. Mart, UDVN, FVPPMA, etc.
Le PPI c'est quoi ?
Le Plan particulier d'intervention (PPI) a pour but de déterminer la conduite à tenir dans le cas d'un incident nucléaire survenant à l'intérieur du port militaire de Toulon, mais dont les conséquences menaceraient les populations civiles riveraines (rejets de gaz radioactifs dans l'atmosphère pouvant entraîner des dépôts au sol). La zone d'application de ce plan concerne les communes de Toulon, La Seyne-sur-Mer et Ollioules. Il s'ajoute à un Plan d'urgence interne (PUI) mis en œuvre par l'armée, qui affecte les moyens du ministère de la Défense à la maîtrise de la situation dans l'enceinte militaire et à la protection du personnel y travaillant.
Dans le cadre de la gestion du risque nucléaire, une commission d'information a aussi été créée en 2003. Présidée par le préfet, elle a pour vocation de répondre à toutes les questions relatives à l'impact des activités nucléaires sur la santé et l'environnement. Elle est composée de représentants de l'administration civile de l'État, des représentants des intérêts économiques et sociaux, des associations agréées de protection de l'environnement et des collectivités locales.
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