Au CHU, le service hématologie comprend, depuis le printemps, une unité de recherche clinique. Des patients de toute la France y ont accès à des thérapies innovantes.
Pourquoi ? Comment ?
Pourquoi vouloir intégrer une unité de recherche au sein du service hématologie du CHU de Nantes ?
Le service hématologie du CHU de Nantes, qui reçoit depuis 1981 des personnes atteintes de maladies du sang et de la moelle osseuse (myélomes, lymphomes, leucémies, etc.), s'est orienté tôt vers la recherche clinique. « Beaucoup de patients étaient impliqués dans des protocoles. Les règles d'essais cliniques sont devenues de plus en plus encadrées. Pour ces raisons, il devenait urgent d'avoir un lieu dédié, explique Steven Le Gouill, chef de l'unité de recherche. Nous avons répondu à un appel d'offres de l'Institut national du cancer. »
Bingo, l'Inca labellise l'unité et apporte une aide financière conséquente : 450 000 € en trois ans. Cette somme permet d'acheter du matériel (réfrigérateurs à - 80 degrés, centrifugeuses, etc.) et de constituer l'unité avec deux chambres dédiées, des infirmières, des attachés de recherche, une coordinatrice... Deux unités d'hématologie ont ce label en France : Nantes et Lyon.
Quels essais mène-t-on dans cette unité nantaise ?
Le label de l'Inca ouvre aux Nantais des portes vers les États-Unis et « nous permet l'accès à des molécules nouvelles, pas encore sur le marché. Il s'agit de nouvelles chimiothérapies ou de nouvelles combinaisons de chimiothérapies. Ici, leur efficacité, leur tolérance, leur mode d'action sont mesurés. »
L'approche nantaise porte globalement sur la résistance des patients aux traitements. « Nous lançons des essais que des laboratoires nous proposent et qui nous intéressent. Ils ont les molécules, nous avons les patients. Nous travaillons aussi sur des programmes de recherche que nous initions nous-mêmes. »
Tous sont validés par les autorités de santé. Soixante-dix essais sont en cours.
Quels sont les patients qui peuvent prétendre à ces essais ?
Tout patient susceptible de répondre aux critères stricts exigés par les protocoles. 254 personnes sont actuellement en cours de traitement, une centaine sont suivies après traitement. « Ils sont originaires de la région, de Bretagne et au-delà. »
Avant toute décision, les malades reçoivent une information détaillée et « nous recueillons leur consentement éclairé ».
Gaby Favreau, de Loire-Atlantique, est soigné pour un myélome. Il a déjà suivi plusieurs protocoles. Ce prêtre a accepté « pour faire avancer la connaissance dans ma maladie. Nous sommes héritiers de ce qu'il y a avant nous. » Il connaît très bien l'unité où il séjourne régulièrement en ambulatoire. Comme lui, quatre à cinq patients y sont accueillis chaque jour.
Des essais nantais ont-ils permis des avancées dans le soin apporté aux malades ?
« La recherche en hématologie progresse vite : en dix ans, nous avons doublé l'espérance de vie des personnes atteintes de myélomes ou lymphomes », indique le professeur Le Gouill. Par exemple, l'équipe nantaise a démontré que l'administration en sous-cutané et non en intraveineuse du Velcade, médicament utilisé pour soigner un myélome multiple, diminuait de 30 % les douleurs au niveau des nerfs. « En modifiant le mode d'administration, on améliore le confort du patient. »
Magali GRANDET.
source ouest france