Un four a explosé sur le site nucléaire de Marcoule dans une installation appartenant au groupe EDF, dans le Gard, lundi 12 septembre en fin de matinée. Selon le Réseau Sortir du Nucléaire, cette information a été rendue publique 2 heures après l’accident. L'association rappelle que ce site comporte de très nombreuses installations nucléaires, stocke de grandes quantités de déchets radioactifs et manipule du combustible MOX, donc du plutonium. Dans un climat de défiance à l'égard des déclarations officielles, installé de longue date, l'association s'inquiète des propos rassurants des autorités.
À la suite de l'accident, aucune mesure de protection de la population n’a été prise par les autorités. Le site de l’explosion se situe à 200 m du Rhône, 7 km d’Orange (30 000 habitants), 22 km de Carpentras (30 000 habitants), 27 km d’Uzès (8 000 habitants) et 28 km d’Avignon (115 000 habitants). L’équipe du Réseau "Sortir du nucléaire" fait état de "difficultés pour trouver des informations fiables à communiquer aux populations locales".
L'ASN (Autorité de surêté nucléaire) avait de son côté publié le communiqué suivant à 14h17 : "Selon les premières informations, il s’agit d’une explosion d’un four servant à fondre les déchets radioactifs métalliques de faible et très faible activité. Un premier bilan fait état d’un mort et de 4 personnes blessées dont une grave. Il n’ y a pas de rejets à l’extérieur de l’installation. L’exploitant a déclenché son plan d’urgence interne conformément aux procédures. Centraco est exploité par la société Socodei. L'installation a pour objet le traitement de déchets faiblement ou très faiblement radioactifs, soit par fusion pour les déchets métalliques, soit par incinération pour les déchets incinérables. L’ASN est en contact permanent avec la préfecture du Gard et l’exploitant. Elle a mobilisé sa division de Marseille, géographiquement compétente, et a dépêché des inspecteurs à la préfecture et sur le site."
Ce premier communiqué est modifié dans l'après midi. L'heure de première publication ne figure plus.
Le communiqué de Socodei, pourtant une filiale de EDF, et simplement titré "Accident du travail" pourrait faire partie d'une anthologie de ce qu'il ne faut pas faire en matière de communication de crise : "un salarié a été tué ce matin à la suite d'une détonation survenue dans le local du four de fusion de déchets métalliques. 4 autres personnes ont été blessées, dont une se trouve dans un état grave qui a été évacuée vers Montpellier. Il n’y a pas eu de rejet radiologique ni chimique vers l’extérieur. L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), la préfecture, la Commission Locale d’Information (CLI) et l’inspection du travail ont été prévenues. L'incendie déclenché par l'explosion dans le local a été maîtrisé à 13h06. Une enquête va être diligentée afin de déterminer les causes exactes de l'accident qui a provoqué une vive émotion à tous les échelons de la Socodei c'est la première fois qu'un tel drame de cette ampleur se produit sur le site."
Ce communiqué est réécrit vers 17 heures dans une forme un peu différente mais sans plus de précisions sur l'accident. Pour parfaire une communication désastreuse Socodei ne répond même pas au Wall Street Journal, le premier quotidien économique mondial.
Sortir du Nucléaire fait part de son inquiétude : "l'explosion du four a t-elle mise en cause l'intégrité du système de confinement du bâtiment et de filtration des éléments radioactifs ? Comment le ministre de l'Intérieur peut-il affirmer qu’il n’y a aucune fuite ? Des mesures ont-elles été effectuées sur le site ?"
De son côté le laboratoire indépendant de la CRIIRAD qui gère 6 balises dans la vallée du Rhône indique à 14h15 n'avoir rien détecté d'anormal. Toutes les balises sont actuellement opérationnelles. - Les balises de ce réseau les plus proches de l'accident sont : la balise atmosphérique d'Avignon (21 km au sud-sud-est), la balise aquatique d'Avignon (17 km au sud-sud-est), la balise atmosphérique de Montélimar (50 km au nord). À noter que les vents soufflaient légèrement vers le sud ce matin.
La CRIIRAD, toujours dans sa note de 14h15, indique de façon contradictoire que "selon les autorités, il existe un risque de fuite."
À 16h20 l'ASN fait savoir que "l'accident est terminé [et que] les mesures réalisées à l’extérieur du bâtiment par l’exploitant et les services publics de pompiers spécialisés n’ont révélé aucune contamination".
À 16h30 CRIIRAD rappelle que "les limites de détection en mesure directe sont de 1 Bq/m3 pour les aérosols (poussières) émettant des particules alpha et bêta ainsi que pour l'iode gazeux. Pour détecter des contaminations plus faibles, il est nécessaire de procéder au prélèvement des filtres et cartouches, ensuite analysés en laboratoire".
source: ddmagazine.com