Tout le monde connaît le 15, ce numéro que l'on compose en cas d'urgence : malaise, chute, fièvre... à toute heure et tous les jours de la semaine, les permanenciers régulateurs aiguillent le grand public. La CFDT du CHU de Nantes alerte ces jours-ci sur les conditions de travail « inquiétantes » dans ce service. En particulier la nuit : « Un permanencier en CDD a arrêté son contrat début juillet, il n'est pas remplacé, précise Claude Guihéneuf, secrétaire départemental du syndicat. Du coup, à partir de 22 h 30, ils sont deux en poste, contre trois en temps normal. »
Conséquence : le temps d'attente des usagers qui téléphonent est plus long. « La Haute autorité de santé recommande que les appels au 15 puissent être décrochés dans la minute. Ce délai n'est absolument pas respecté, en ce moment, à Nantes. Or, pour une urgence médicale, quelques minutes sont parfois vitales. »
« Un métier stressant »
Cette situation s'est reproduite douze nuits en juillet et s'annonce à nouveau pour neuf nuits en août. Après avoir écrit à la direction de l'hôpital et demandé une réunion extraordinaire du CHS-CT (Comité d'hygiène et sécurité des conditions de travail), la CFDT vient d'alerter l'Agence régionale de santé et le maire de Nantes, président du conseil de surveillance du CHU.
La direction de l'hôpital répond : « La situation n'est pas dangereuse, selon nous, sinon, on aurait revu les congés avec l'équipe. » Et annonce que « la situation sera rétablie en septembre ». Pas avant, car pour pouvoir exercer dans le service, un permanencier doit travailler « un mois en doublure » avec un autre agent.
« Les régulateurs du 15 travaillent dans l'urgence et le bruit, avec des décisions parfois vitales à prendre rapidement. C'est un métier stressant. L'un d'eux est en souffrance morale. » La situation est aggravée l'été, précise le syndicat : « En Loire-Atlantique, il y a une surcharge de travail liée à l'afflux de population sur la côte, puisque le 15 est un service départemental. »
La CFDT du CHU voit dans cette situation le symptôme du gros problème de l'hôpital aujourd'hui : « Des effectifs toujours plus tendus, avec des collègues qui s'auto-remplacent, sans marge de sécurité. Il devrait y avoir du personnel formé en réserve pour faire face à ce genre de situation. » Précision : en 1998, lors de sa création, le 15 recevait 40 000 appels par an. On est aujourd'hui à 460 000.
Anne AUGIÉ.Ouest france