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Minuit, jeudi soir, dans la cour du commissariat de Perpignan. Après un dernier briefing, un cortège de véhicules s'ébranle sans sirènes ni gyrophares, direction un parking que se partagent plusieurs établissements de nuit. En quelques secondes, des équipes sont formées et l'opération de contrôle surprise simultanée peut commencer…
A la porte d'une boîte de nuit, la surprise se lit sur le visage de Philippe, le propriétaire. Son établissement, où seules quelques personnes sont accoudées au bar, est rapidement envahi par des spécialistes ès fraudes, et chacun sait ce qu'il a à faire. Ici, les finances publiques vérifient le fonctionnement régulier de la billetterie, tandis que les douanes passent derrière le bar, pour constater la provenance de l'alcool. La police aux frontières se charge de vérifier qu'aucun des salariés de l'établissement n'est entré illégalement sur le territoire français et Philippe s'enferme dans son bureau avec l'Urssaf, pour une petite discussion sur les charges sociales… Un peu à l'écart, la capitaine de la brigade financière du commissariat central observe cette ruche en ébullition, prête à intervenir afin d'assurer la sécurité des contrôleurs.
"Il devrait y en avoir plus souvent !"
Quarante-cinq minutes plus tard, les équipes sortent des établissements contrôlés. Sur le parking, les discussions à bâtons rompus s'engagent. "Voir débarquer tout d'un coup 20 personnes, cartes de police en main, des caméras, des micros… Franchement, je ne m'y attendais pas. Mais finalement, il devrait y en avoir plus souvent, parce que dans ce milieu, parfois, on entend un peu tout et n'importe quoi", conclut finalement Philippe. Karim, client de l'un des établissements contrôlés, n'en revient toujours pas. "Je ne comprends pas : pourquoi ce genre de contrôles maintenant que la gauche est au pouvoir ?". Entre le substitut du procureur et un gérant, c'est la survie des boîtes de nuit face aux bars de nuit, à la réglementation différente, qui fait débat.
Ouvert depuis 15 jours à peine
Puis les équipes se reforment. Deux cibles complémentaires ont été listées, la cohorte de véhicules se scinde en deux. De l'autre côté de la ville, Jonny, propriétaire d'un dancing, est en train de passer le balai lorsque les contrôleurs arrivent. Il s'empresse de fournir les documents demandés, visiblement bouleversé par ce contrôle soudain. "J'ai ouvert le 14 juin !
Alors forcément, ça fait mal au coeur de voir au bout de deux semaines débarquer l'Urssaf, les douanes, et tout le monde…". Statistiquement, pourtant, il n'y a pas grand-chose d'étonnant à cela. "Au titre de la lutte contre le travail illégal, les filières d'immigration et les fraudes documentaires qui y sont liées, la police aux frontières effectue deux à trois contrôles par semaine auprès d'entreprises du BTP, de l'hôtellerie et de la restauration, du spectacle, du nettoyage ou de la sécurité", détaille Pascal Melchionne, de la brigade mobile de recherche de la Paf, avant de remonter en voiture.
Il est plus de 2 h, l'opération prend fin. Enfin, pour cette nuit seulement...
(SOURCE : L'INDEPENDANT)
