Une exécution en règle. Comme dans le milieu du grand banditisme, sauf qu’en la circonstance la victime et les quatre auteurs présumés sont des adolescents, tous mineurs, âgés de 15 et 17 ans, et le mobile laisse les enquêteurs sans voix.
Dans la nuit de lundi à mardi derniers en forêt de Beauvoir-en-Lyons (Seine-Maritime), un garde-chasse découvre le corps partiellement calciné d’Alexandre, un lycéen de 17 ans.
A ses côtés, un morceau de carte bleue et le portable de la victime, ce qui permet aux gendarmes de joindre sa mère. Celle-ci les met aussitôt sur la piste des relations de son fils, notamment quatre jeunes, frères de deux familles différentes d’un village voisin de l’Eure, Fleury-la-Forêt.
Ils lui tendent un guet-apens
Interpellés, ils passent aux aveux. « Ils ont expliqué avoir commis ensemble, avec leur victime, un cambriolage au début du mois. Le butin était modeste : quelques bouteilles d’alcool et une console de jeux. Les quatre suspects craignaient que le cinquième ne les dénonce, et ils ont décidé de le supprimer », précise une source judiciaire.
Ils lui tendent un véritable guet-apens. Un rendez-vous est fixé vers 23 heures. Le malheureux s’y rend sans se douter de la suite. Ses « copains » l’emmènent à scooter, en pleine nuit, dans la forêt de Beauvoir. Ils lui ordonnent de s’asseoir et, sans explication, lui tirent deux balles de 22 long rifle dans la nuque.
Les tueurs brûlent alors le corps pour effacer les indices, et se débarrassent de la carabine dans une mare. « En trente ans de carrière, je n’ai jamais vu un tel assassinat », souligne le colonel Jacques Plays, commandant le groupement de gendarmerie de Seine-Maritime. « C’est une affaire hors norme. Il s’agit d’un acte prémédité. Ces mineurs sont inconnus des services de police et de justice. Le plus frappant est la corrélation entre un tel acte et son mobile futile. »
A Fleury-la-Forêt, les quatre jeunes n’avaient semble-t-il jamais fait parler d’eux à part pour des peccadilles. Ils devraient être présentés aujourd’hui à un magistrat instructeur. Le parquet a requis la détention provisoire.
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