Feu à La Réunion : souvenirs de nos pompiers de Brignoles

Rentrés de l'île de La Réunion, où ils ont passé deux semaines à lutter contre l'impressionnant feu qui a ravagé plus de 2 800 hectares du Maïdo, le lieutenant-colonel Jean-Christophe Martini, responsable du groupement Centre, et le commandant Christian Tosi, patron du centre de secours principal de Brignoles, reviennent sur leur expérience. Extraits...
Le départ
Partis le lundi 31 octobre, les cinq officiers varois(1) ont été prévenus de leur mission, pour deux semaines minimum, la veille vers 21 heures. « La famille comprend, souligne Christian Tosi. Elle est au courant de notre attachement à notre travail. Et sait que l'on va vivre une expérience riche ».
Parfois, cela peut créer de la confusion. Ou des anecdotes assez marrantes. « Quand j'ai demandé à ma femme si je pouvais aller à La Réunion, elle m'a répondu oui en pensant à une... réunion », raconte Jean-Christophe Martini.
L'arrivée sur l'île
Accueillis par le préfet de l'île dès leur descente de l'avion, les officiers ont été amenés rapidement sur le lieu d'hébergement. « Immédiatement, on est allé au poste de commandement. Pour voir comment intégrer les renforts et comment mettre en route notre action dans le dispositif déjà en place ». Une préparation de courte durée. « Dès l'après-midi, tous les pompiers étaient engagés ».
Leur mission
« Apporter notre expérience dans ce genre de sinistre. On devait aussi permettre l'intégration des renforts et leur utilisation. Nous étions là-bas pour les aider. Et pour répondre à leur besoin en toute humilité. On est là pour apporter des solutions, pas des contraintes ».
Le feu
« Le feu n'était plus en propagation quand nous sommes arrivés. Il était presque immobile mais pas complètement. C'est ça la difficulté, car il pouvait à tout moment être réactivé. Ce n'était pas impressionnant, mais on savait que ça allait durer longtemps ». Pour lutter contre cet incendie, ils ont dû aussi comprendre les spécificités locales. Comme la végétation. « Ils ont un arbre, le Tamarin, qui possède à ses pieds un humus très épais. Ce dernier peut atteindre 1,50 m de profondeur. Et les racines permettent la propagation du feu ». L'île de La Réunion a aussi un arbre qui ressemble au cyprès : le cryptoméria. Ce dernier brûle aisément. Et a posé beaucoup de problèmes aux secours. Comme l'épais brouillard qui a empêché des repérages par voie aérienne.
Le lieu
Le Maïdo est un sommet montagneux qui culmine à environ 2 200 mètres. « Les gens aiment pique-niquer là-bas, s'est intéressé Christian Tosi. C'est un lieu de retrouvailles et de fraîcheur. Quand ils vont voir l'état du site, ils vont vraiment souffrir. Ils vont avoir aussi du mal à se relever de ces deux feux ».
Inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, le Maïdo peut poser des contraintes aux pompiers. « Nous n'avions, par exemple, pas le droit de survoler un endroit à cause d'une espèce d'oiseaux rares ».
Leurs souvenirs
« Une belle aventure humaine », sentiment partagé par les deux soldats du feu. « On se sent grandi. Et on regarde les choses différemment après. D'ordinaire, on fait des interventions de 36 heures, là, c'était un film de deux semaines. Avec peu de sommeil. Et beaucoup de difficultés. Mais, dans ces instants-là, elle soude les humains. Chacun a su mettre son ego de côté pour lutter contre un adversaire commun ».
Les inondations
« On était au courant. Il vaut mieux être loin..., estime Christian Tosi. Et ne pas avoir d'actualité. Et nous n'en avons pas eu, c'était très bien comme ça. Les collègues sur place, nous demandaient des nouvelles et nous soutenaient ».
« Un peu frustrant, pour Jean-Christophe Martini. On se sentait un peu déserteur. Mais on a pu constater qu'ils s'en sortaient très bien sans nous (rire) ».
La relève
« La relève est arrivée la veille de notre départ. D'ailleurs, nous avons encore un collègue là-bas, le lieutenant-colonel Rougon... Nous avons passé le relais. Et ensuite, le lendemain, juste avant l'avion, nous avons eu le droit à une journée de détente. Nous sommes allés voir le volcan, le Piton de la fournaise. Il y avait un tel brouillard que nous n'avons pas pu en profiter ! Après, direction l'aéroport où nous sommes partis avec un pincement au coeur. Mais contents de retrouver nos familles ».

1. La mission était dirigée par le lieutenant-colonel Éric Grohin. Parmi les Varois, on comptait aussi la présence du lieutenant-colonel Stéphane Farcy, chef du groupement Est, et du commandant Dominique Baillet, adjoint du chef de groupement Ouest.
Cinq sapeurs-pompiers varois sont allés renforcer le dispositif en place pour lutter contre l'incendie du Maïdo. Le lieutenant-colonel Martini et le commandant Tosi témoignent...

source : Var Matin .

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