Rocamadour. Sauvetage grandeur nature pour un éboulement fictifRocamadour évacuation d'un blessé fictif à l'arrière du petit train stoppé par un éboulement imaginaire./Photo, J.-L.G.
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Un plan ORSEC a été activé hier à Rocamadour qui ne s'attendait
pas à une pareille situation de crise, suite à une chute de roches. Un
scénario fictif rondement mené.
Nom de code NOVI : cela signifie « Nombreuses victimes ». Une
catastrophe a frappé la cité de Rocamadour hier, pourtant placée sous la
protection divine de la vierge noire.
Une catastrophe… scénarisée est-il plus juste d'écrire pour évoquer
cette simulation grandeur nature d'un éboulement rocheux sur deux
maisons et sur le célèbre petit train touristique, face à la brasserie «
Le Figuier ».
Si l'éboulement a été simplement simulé, l'important déploiement de
forces de sécurité et de secouristes était quant à lui bien réel dans le
cadre de la mise en œuvre, en un temps record (moins de 30 minutes), de
ce spectaculaire plan ORSEC (Organisation de la réponse de sécurité
civile).
L'exercice a mobilisé près de 250 personnes : pompiers du SDIS
(Service départemental d'incendie et de secours), médecins et infirmiers
du SAMU, gendarmes et représentants de la préfecture du Lot. 21
volontaires se sont mis dans la peau peu confortable des victimes de cet
éboulement. Le scénario prévoyait 20 blessés et un mort.
Rien n'a été laissé au hasard : un poste de commandement, une cellule
psychologique et un espace médicalisé ont été installés à quelques
centaines de mètres de ce drame imaginaire.
Bernard Gonzalez, préfet du Lot, supervisait l'ensemble de
l'intervention et était le seul habilité à communiquer avec la presse,
elle aussi intégrée dans le dispositif d'une manière idéale… mais
irréelle.
En effet, dans la vraie vie, les journalistes ne bénéficient guère
d'un tel espace de liberté les laissant agir à leur guise pour rendre
compte d'un tel fait.
Quelle histoire !Pascal Jallet, maire de Rocamadour, tire déjà des leçons : « Il est
intéressant de constater que sur un site au relief aussi particulier, un
tel dispositif puisse fonctionner correctement. C'est un bon test », se
rassure-t-il devant le petit train immobile.
En surplomb, le lieutenant-colonel Bertrand Ponty, commandant en
second du Groupement de gendarmerie du Lot, était chargé de
l'identification criminelle. « Mon rôle consistait à vérifier si la
chute soudaine des rochers, qui a coûté la vie à une personne, n'a pas
été provoquée par des explosifs, par exemple », souligne-t-il, laissant
ainsi supposer la possibilité d'un attentat terroriste. Les derniers
faux blessés ont été évacués du site peu après 16 heures. Fin de
l'histoire à 16 h 20. « Quelle histoire ! » : c'est aussi le titre d'une
pièce qui se joue encore ce soir et demain au café-théâtre « Côté
Rocher », tout près du lieu de la catastrophe simulée. C'est une autre
fiction… sans train ni chutes de pierres, mais on y meurt de rire.
Du pur, du vrai.
Enjeux majeursDans la réalité, l'activation d'un plan ORSEC de type NOVI (lire
ci-contre) est décidée par le préfet, en sa qualité de directeur des
opérations de secours. En raison de sa topographie accidentée et de la
nature des sols, le site de Rocamadour présente des risques naturels
importants (inondations et mouvements possibles de terrain). Ces aléas
sont confrontés à des enjeux sécuritaires majeurs si l'on tient compte
de la population touristique saisonnière qui fréquente la belle cité. Il
s'agit, outre la protection des personnes, de veiller aussi à la
préservation des biens. Par conséquent, une réponse précise et adaptée à
un événement dramatique a été définie et appliquée hier, sous la forme
d'un test. Il s'agissait donc pour la préfecture du Lot, en lien avec
l'ensemble des équipes de secouristes de coordonner leurs interventions
en évitant toute interférence. Les figurants ont été recrutés parmi la
population de Rocamadour. Autour de la scène de la catastrophe simulée,
des observateurs (militaires, préfecture…) scrutaient chaque geste et
notaient chaque mot prononcé pour un debriefing qui doit permettre
dévaluer l'efficacité de l'opération.