Il sauve un couple de la noyade

C'est assurément une vie et sans doute deux qu'a sauvées Michel Ménanteau le 29 septembre dernier. Beau temps, belle mer, ce jeudi de grande marée d'équinoxe quand ce passionné de natation, moniteur de plongée sous-marine et membre de la fédération française, revient de son habituel entraînement au large de la plage de Matha à quelques encablures de la Cotinière. « Je venais à peine de poser mes palmes et d'enlever le haut de ma combinaison, le dos à l'océan quand j'ai entendu des appels au secours. En me retournant, j'ai aperçu une dame qui faisait le yo-yo sur l'eau et qui paraissait en difficulté à quelques dizaines de mètres du rivage. » Sans l'ombre d'une hésitation, Michel se jette à l'eau pour secourir la nageuse à bout de forces.

Aidé par un autre homme

« C'est en arrivant près d'elle que j'ai compris qu'elle tentait de ramener à terre un homme - son mari de 78 ans, apprendra-t-il plus tard - qui flottait entre deux eaux, les bras écartés le visage tourné vers le fond. Sans les palmes, la chose n'était pas évidente d'autant qu'à cet endroit la plage est à pic et que nous étions à l'étal de pleine mer. »

Aidé par un autre homme, venu à la rescousse, Michel hisse l'homme - « un gaillard d'un bon mètre quatre-vingt » - sur la plage. En bon professionnel, ses gestes seront rapides et précis : faire recracher l'eau au plus vite. « L'homme sans connaissance qui avait le visage et le haut du corps marbrés, était visiblement en détresse respiratoire. Nous l'avons ensuite mis en PLS (position latérale de sécurité) en attendant l'arrivée des sapeurs pompiers. » Ceux-ci décideront de son évacuation vers l'hôpital de La Rochelle par l'hélicoptère Dragon 17. « Je n'allais pas rester là à bader pendant l'intervention des pompiers comme d'autres l'ont fait. Je suis rentré chez moi. »

Ce n'est que quelques jours plus tard que Michel apprendra le nom de l'homme à qui il a sauvé la vie. « Je lui ai téléphoné à l'hôpital, il ne se rappelait de rien. J'ai reçu plus tard un coup de téléphone de son fils et de sa femme qui m'a appris qu'ils venaient nager ici depuis plus de 45 ans et que son époux avait sans doute fait un malaise. »

Un geste naturel

Pour ce retraité de l'armée, ancien CRS, et de la police, âgé de 58 ans et natif de Marans, son geste n'a rien d'exceptionnel. « Je n'ai fait que mon devoir. » Il faut dire que l'homme en a vu d'autres dans sa carrière ponctuée de dix-sept blessures dont quelques-unes à coups de couteau. « J'ai déjà sauvé un jeune homme de la noyade, il y a une quinzaine d'années, en novembre à La Rochelle. Je m'étais alors jeté à l'eau tout habillé dans le canal pour le secourir, juste le temps de confier mon arme de service à mon collègue. » Rien que de la routine en quelque sorte si l'on en croit Michel Ménanteau. Comme ce forcené neutralisé qui voulait faire sauter les urgences de l'hôpital de La Rochelle avec une grenade…

Aux dernières nouvelles, l'octogénaire a bien récupéré et les deux sauveteurs sont même invités à un déjeuner à Angoulême d'où est originaire le couple de baigneurs. Ils pourront sans doute évoquer tranquillement les plaisirs et les dangers de la baignade. « Cette plage est habituellement surveillée et si mon geste peut contribuer à faire prendre conscience aux décideurs que la saison finit fin - et non début - septembre, alors ce sera très bien. »

Quand on évoque le vieil adage « jamais deux sans trois », Michel rétorque dans un sourire : « C'est bien pour cela que je continuerai à m'entraîner, cela peut toujours servir ...au moins pour garder la forme. »



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