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Le 1er juin, Nadia n'a pas hésité une seconde à courir pour sauver la vie de son voisin qui s'était jeté dans la cour intérieure de son immeuble . Ci-dessous avec sa voisine Marie-Thérèse, une voisine, qui témoigne du grand cœur de Nadia. (Photos Richard Ray)
N'écoutant que son cœur et son courage, Nadia s'est précipitée au secours de ce père de cinq enfants
Elle ne l'a pas raconté. Elle l'a fait, voilà tout. Sans réfléchir. Avec son cœur. Simplement. Elle n'a pas affiché la lettre de félicitations de la mairie. Elle l'a rangée, c'est tout. Nadia ne vit pas pour les honneurs. Nadia vit à cœur et à bras ouverts. Depuis toujours.
Un tout petit bout de femme au grand cœur, elle est comme ça, Nadia. Toujours à rendre service à ses voisins de son HLM de Saint-Roch. Elle a son travail de secrétaire, ses quatre enfants, sa vie et toujours du temps pour les autres, pour faire un brin de ménage chez cette vieille dame fatiguée, pour discuter, pour dépanner, pour consoler, pour partager.
Elle dit qu'elle ne fait rien d'extraordinaire, juste des choses simples, des choses que tout le monde pourrait faire.
« Il semblait cassé en mille morceaux, j'ai couru »
Le 1er juin dernier pourtant, elle a fait ce que beaucoup d'autres n'ont pas fait : elle a sauvé la vie de son voisin qui s'est jeté du 5e étage.
Ce jour-là, elle ne travaillait pas. Ses enfants jouaient dans la chambre ; elle berçait Mélina, la petite dernière qui avait tout juste 6 mois. Soudain, un grand bruit a couvert le rire des petits. Elle a cru que « c'était une jardinière qui tombait ou un ballon qui cognait sur la façade ». Elle s'est penchée à sa fenêtre. Son voisin du dessus était par terre dans la cour intérieure de l'immeuble. Noyé dans une flaque de sang. Inconscient. Nadia n'a pas pensé à elle. Pas une seconde. Elle a pensé aux cinq enfants de cet homme, à sa femme. A cet homme « qui semblait cassé en mille morceaux », à sa famille qui avait besoin de lui, ce père. Elle a pensé à tout ça. Et elle a couru.
« Tous les voisins étaient à leur fenêtre. Tout le monde regardait, personne n'est descendu. J'ai mis mon bébé entre ses grands frères, j'ai dit aux enfants de ne pas bouger, de ne pas se pencher, de ne pas regarder en bas et je suis descendue », dit-elle. Elle y est allée, elle se souvient du cœur qui se serre, de la vie à sauver, comme une évidence.
« Je n'ai rien fait d'extraordinaire. Pour moi, j'ai mon brevet de secourisme, ça a été automatique ».
Massage cardiaque, bouche à bouche. Les premiers gestes, les pompiers au bout du fil. La respiration comme un râle, le cœur qui ne doit pas lâcher, la vie qui tient à un fil. Et les secondes qui durent des heures avant l'arrivée des ambulances.
« Il a repris connaissance, m'a demandé où étaient ses enfants. Je l'ai rassuré, je lui ai dit qu'ils allaient bien, qu'ils étaient à la maison », se souvient Nadia. Elle lui a dit aussi qu'il fallait qu'il vive pour eux. Qu'il fallait qu'il s'accroche, que la vie n'était pas toujours rose mais qu'il n'avait pas le droit de partir comme ça. Et puis, les pompiers sont arrivés...
Deux semaines de coma, quarante-huit fractures, des opérations, puis la rééducation... Six mois après, elle croise souvent la femme de son voisin dans l'ascenseur et les nouvelles sont bonnes : il est en rééducation à l'Archet, il réapprend à marcher, à vivre. « Elle me dit qu'elle a une dette envers moi ». Mais Nadia ne veut rien, sa seule victoire c'est que ce père «verra grandir ses enfants ». Elle est comme ça, Nadia.
Cette histoire, elle ne l'a pas raconté. Mais dans son HLM de Saint-Roch, ses voisins voulaient qu'on sache que Nadia est un petit bout de femme au grand cœur. Une héroïne ordinaire comme il n'y en a pas tant...
Nice-Matin
