Philippe Crozet a bien failli perdre la vie en mer après être tombé accidentellement de son voilier, samedi matin. Sauvé par les plongeurs de la Marine nationale après 3 h 30 de nage dans une mer démontée, il savourait hier ses retrouvailles en famille à bord de son voilier au Port-Vauban à Antibes.
Sauvé de la noyade par le Dauphin de la Marine nationale, stationné à la Ban de Hyères, le chef d'entreprise lyonnais a fêté son sauvetage en famille à Antibes
C'est en lisant dans Nice-Matin le récit de son sauvetage que Philippe Crozet a pris conscience qu'il était vraiment un miraculé. Tombé accidentellement de son voilier, avant-hier matin, à 60 km des côtes, le navigateur amateur a été sauvé par la Marine nationale après 3 h 30 passées sur une mer démontée
À 46 ans, ce chef d'entreprise lyonnais, patron des Sanitaires Crozet, n'en revient pas d'être encore en vie. En se levant, hier matin, avec sa famille à bord de Serendipity, son sloop de 20 mètres, amarré au Port-Vauban, à Antibes, son premier geste a été d'embrasser son père et ses deux enfants.
Ils étaient tous à bord du voilier lors de son naufrage, inquiets et impuissants, voyant Philippe s'éloigner. « On a bien cru qu'il ne reviendrait plus au bout de ces 3 h 30 de naufrage », raconte Maurice, le patriarche de 76 ans, marin chevronné. Cette année, la famille avait décidé de partir en croisière en Corse. C'est sur le retour que l'accident est arrivé. « Nous sommes des marins de père en fils. Mais là, je croyais vraiment ne plus revoir mon fils quand le temps s'est écoulé et qu'il était toujours dans l'eau, sans que nous puissions faire quoi que ce soit pour le sauver. Sa mère a prié toute la journée pour qu'il s'en sorte. Notre voilier porte un nom mauricien qui signifie "quelque chose que l'on n'attendait pas"... Cet événement qu'on n'attendait vraiment pas, c'est celui-là. »
« Je n'aime pas nager »
Maurice embrasse son fils, ouvre une bouteille de champagne. Les enfants de Philippe, Marie et Pierre, ont tant pleuré au moment du naufrage de leur père dans cette mer déchaînée, qu'ils embrassent aussi leur papa avec beaucoup d'émotion.
Philippe, lui, se souvient qu'il a beaucoup nagé tout en pensant à sa famille pour survivre. « Je suis un bon marin, mais pas un sportif. Je n'aime pas nager. Je ne sais pas comment j'ai pu survivre. Sans doute parce que je n'avais aucune notion du temps et que je n'ai pas paniqué. Je n'ai eu de cesse que de penser à ma famille à ceux que j'aime. J'avais l'impression de vivre un film catastrophe dont j'étais le héros. Je n'ai jamais pensé à la mort, plutôt à la vie. J'ai nagé tout le temps, la brasse. J'ai coulé plusieurs fois en retenant ma respiration. J'ai eu cette chance de résister et de rester calme. Je savais qu'un hélicoptère allait venir, comme dans les films, pour me sauver. Puis je l'ai vu me passer au-dessus de la tête. Et partir... Là j'ai pensé que j'étais foutu, qu'il ne m'avait pas vu. J'ai eu des crampes, je me suis laissé flotter, j'ai résisté. J'avais très froid. Et soudain quelqu'un m'a attrapé. C'était un plongeur de la Marine nationale. Il m'a ramené à l'hélicoptère en me disant ces quelques mots :"Tu sais, tu es un miraculé". »
« J'ai demandé à l'hélico de survoler le voilier »
À peine sauvé, Philippe le remercie, mais lui demande aussitôt de survoler le voilier pour rassurer sa famille. Le pilote accepte bien volontiers. « À bord, nous avons tous pleuré de soulagement en le voyant », témoigne le patriarche de la famille.
Après, « j'ai été transporté à l'hôpital de Cannes pour des contrôles et j'ai pu en sortir le soir même. J'ai été raccompagné jusqu'au Port-Vauban. J'y ai attendu le retour du voilier et de ma famille qui avaient été pris en charge par la SNSM d'Antibes », raconte Philippe Crozet.
Après une bonne nuit de sommeil, le miraculé ne pense plus qu'à une chose : aller remercier les marins qui l'ont sauvé. « Ce sont de grands professionnels avec de belles qualités humaines. Je leur dois la vie parce qu'ils ont su me retrouver au moment où je pensais que tout était perdu... »
La famille Crozet repart aujourd'hui à Lyon. « Nous sommes en vacances depuis près d'un mois. Maintenant, il faut se recentrer sur l'entreprise que je dirige. Je vais en avoir des choses à raconter... »
Sur le chemin du retour il prévoit d'aller remercier ses sauveteurs de la Marine nationale, à Hyères.
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Nice-Matin