« Pour moi, c’était un jeu, je n’ai pas pris de plaisir et je ne voulais surtout pas lui faire de mal. » Pendant six mois, Sébastien D., adjudant à la caserne de pompiers de Noyers-Saint-Martin, a profité des gardes pour caresser à de très nombreuses reprises le sexe, les seins et les fesses de Julia*, sa jeune collègue sapeur-pompier volontaire de 18 ans qui a été sa pupille.
Devant le tribunal correctionnel de Beauvais, l’adjudant, suspendu à titre provisoire, a donné son explication : il s’agissait de « vérifier que la jeune femme porte bien des dessous en coton conformément au règlement ». « J’appréciais énormément Julia, explique Sébastien D. Il y avait une grande complicité entre nous et, souvent, on chahutait un peu. Pour moi, ces caresses, ce n’étaient pas des gestes sexuels. Avec le recul, je me dis qu’on pourrait le croire, mais, pour moi, c’était un jeu. Dégrafer le soutien-gorge d’une fille ou tirer sur la ficelle de son string si elle dépasse, je le fais avec la famille. »
Sauf que la plaisanterie a ses limites, surtout quand Sébastien D. vérifie que « le sexe de Julia est épilé ». « Cela s’explique par notre grande complicité, assure-t-il. On parlait de tout et elle m’avait confié qu’elle s’épilait entièrement quand elle avait un petit ami. C’est vrai que je vérifiais comme cela si elle avait des relations. » Et si l’adjudant était très à cheval sur le règlement pour surveiller que les dessous de sa jeune collègue, dont il avait la responsabilité professionnelle, étaient en coton, en revanche, il l’était moins quand il dormait dans la chambre des femmes. « C’était pour garder un œil sur elle, tente-t-il de justifier. Je faisais pareil lors des interventions, j’avais toujours un regard protecteur sur Julia. »
Les témoignages recueillis lors de l’instruction montrent tous que l’adjudant est « professionnellement irréprochable lors des interventions » mais qu’il est aussi « très autoritaire » et a des « soucis en casernement ». « Je n’ai jamais été autoritaire avec Julia, affirme-t-il. Si elle m’avait repoussé, dit que ça la gênait, ou giflé, j’aurais arrêté tout de suite. Je pensais qu’elle était d’accord. Et la seule fois où elle a dit non, j’ai cru que c’était de la rigolade. »
Présente lors de l’audience, la victime a confirmé les faits. « C’était mon tuteur, on s’entendait très bien, mais la relation a dégénéré, explique-t-elle. Je lui ai dit que je ne voulais pas, mais vous avez vu sa carrure. Et j’avais peur des représailles. D’ailleurs aujourd’hui, certains me reprochent d’être allée jusqu’au tribunal. »
Le procureur a déclaré que « Sébastien D. avait eu un comportement de satyre et qu’il avait usé de son grade d’adjudant contre la victime » avant de demander huit mois de prison avec sursis. Le tribunal a condamné le pompier à un an de prison avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve de deux ans. Il devra verser 2500 € de dommages et intérêts à sa victime.
* Le prénom a été changé.
Le Parisien