Deux fusillades mettant aux prises des braqueurs fortement armés
et des policiers dans les Bouches-du-Rhône ont causé en moins de 24
heures la mort de deux malfaiteurs, tandis qu'un policier était toujours
entre la vie et la mort lundi soir.
La première de cette fusillade a eu lieu dans la nuit de dimanche à
lundi près de Vitrolles. Un malfaiteur a été tué accidentellement par un
de ses complices.
Atteint d'une balle dans la tête et de deux à l'épaule, le
sous-brigadier de la brigade anti-criminalité (BAC) d'Aix, Eric Lales,
un père de famille de 37 ans, se trouvait lundi soir en service de
réanimation à l'hôpital Nord de Marseille dans un état qualifié de "très
grave" par le procureur de la République d'Aix-en-Provence, Mme
Dominique Moyal.
"Le pronostic vital est toujours engagé", a déclaré le ministre de
l'Intérieur, Claude Guéant, lors d'un point-presse au commissariat
central de Marseille, après s'être rendu au chevet du policier et
entretenu avec le neuro-chirurgien qui a extrait la balle de la tête du
fonctionnaire.
"Les médecins ne désespèrent pas de le sauver, mais ce n'est pas certain", a-t-il ajouté.
Lundi soir, dans le quartier sensible de la Rose dans le 13e
arrondissement, une nouvelle fusillade est intervenue entre trois
malfaiteurs qui venaient de braquer un magasin de bricolage et les
forces de police. L'un des malfaiteurs est décédé à la suite de
l'échange de tirs, et un autre a été blessé.
Concernant l'affaire de Vitrolles, M. Guéant a confirmé qu'aucune
balle n'avait été tirée par les policiers et que le malfaiteur mort,
retrouvé cagoulé, avait "été tué par un des complices". "On le connaît
pour une quarantaine de méfaits. Il a déjà fait de la prison", a-t-il
affirmé.
Il s'agit de Patrick Lombard, membre de la communauté des gens du
voyage et du gang dit "des disqueuses". Agé de 29 ans, il avait été
condamné entre 2002 et 2010 pour des "faits de vol aggravé, délits
routiers divers, violences sur agents de la force publique et
association de malfaiteurs", selon Mme Moyal.
"Ce qui paraît inquiétant dans cette affaire, c'est la disproportion
entre les faits eux-mêmes, c'est-à-dire des cambriolages de nuit dans
des commerces de denrées alimentaires et produits surgelés - le butin
d'ailleurs est misérable - et cette riposte", a déclaré le procureur
lors d'une conférence de presse, évoquant un "acte de guerre".
Les faits se sont déroulés vers 02H30 à Vitrolles. Le policier,
"expérimenté et très bien noté", père de deux enfants, de huit et neuf
ans, était le chef de bord de son équipage, installé à côté du
conducteur.
Les malfaiteurs - qui étaient "entre deux et quatre" - ont été
interceptés par les forces de l'ordre après des cambriolages dans
plusieurs villes du département.
Repérés dans la nuit, ils sont pris en chasse par deux véhicules de
la BAC. Les policiers jettent une herse, crevant un pneu de leur
véhicule, une grosse cylindrée volée où les enquêteurs ont retrouvé des
produits surgelés mais aussi une disqueuse, des talkie-walkie, un
pistolet automatique, deux chargeurs de Kalachnikov.
Alors que les forces de l'ordre se trouvent encore "à une centaine de
mètres", les voleurs font feu avec un pistolet-mitrailleur de type
Kalachnikov, a ajouté la magistrate.
"Ne pouvant s'arrêter, les policiers essaient de passer le plus
rapidement possible pour se mettre à l'abri", a relaté Mme Moyal. "Nous
pouvons quasiment exclure tout tir de la police, ils n'en ont pas eu le
temps et ont été surpris par cette violente riposte", a-t-elle ajouté.
Onze impacts ont été relevés sur les pneus, les pare-brise et la
portière gauche, sur un total de 25 munitions tirées, "ce qui signifie
que les malfaiteurs ont bel et bien voulu tuer les policiers", selon la
même source.
Au commissariat d'Aix, l'émotion était vive: un des policiers de la
BAC avait déjà été blessé, à un bras, par une rafale de Kalachnikov lors
d'un hold-up, le 26 juin.
source: var matin ...