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    Ange gardien de l'A 1 [ TSR ]

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    Ange gardien de l'A 1 [ TSR ]  Empty Ange gardien de l'A 1 [ TSR ]

    Message par Lau66 Dim 23 Oct - 16:50

    Ange gardien de l'A 1

    Ange gardien de l'A 1 [ TSR ]  Pict_9365

    REPORTAGE

    C'était au coeur de l'été, le 23 juillet dernier. Un jour de souvenir pour les riverains de l'A 1, l'axe autoroutier Lille-Paris. «Je n'étais pas en service, le 23 juillet 2000. Mais mon collègue, présent sur les lieux, m'a raconté. Au moment où il a refermé les grilles du tronçon, à hauteur de Roissy, il a aperçu le Concorde en feu».

    Un an plus tard, Sébastien B., «patrouilleur» de l'une des autoroutes les plus fréquentées de France, jette un regard furtif en direction du tarmac de l'aéroport de Roissy. En contrebas, sur la gauche de sa camionnette Renault, on peut découvrir le panneau de sortie numéro 6. C'est celle qui mène à Gonesse, la tristement célèbre localité du crash aérien. «Qu'est-ce que vous voulez...», soupire Sébastien B. Mais Concorde ou pas, «mon job, c'est la sécurité des automobilistes sur l'A 1». Tout au long des quelques heures passées en notre compagnie, ce jeune père de 28 ans esquivera avec minutie toute évocation d'un souvenir susceptible de noircir un métier «qui lui tient à coeur». Depuis 1993, Sébastien B. est patrouilleur sur l'A 1.

    Roissy-Compiègne, Compiègne-Roissy. Et ainsi de suite, 24 heures sur 24, chaque jour de l'année. Un aller-retour incessant entre les départements du Val d'Oise et de l'Oise. Entre Île-de-France et Picardie. «Nous fonctionnons en 3 fois 8», explique Sébastien B. Trois patrouilleurs pour huit heures de tournée chacun.

    Ce mercredi, Sébastien B. a pris les commandes de son Renault jaune fluo à la mi-journée pour une ronde ininterrompue. Sa mission: parcourir un tronçon de 52 kilomètres de l'A 1. Celui qui, depuis la sortie de Compiègne, aspire (ou refoule) quotidiennement une moyenne de 70 000 véhicules vers la Ville Lumière. Au total, les cinq patrouilleurs employés par le district de Senlis de la Sanef - la société d'exploitation des autoroutes du nord et de l'est de la France - dévoreront, en l'espace d'une année, plus d'1 million de kilomètres «à la vitesse d'un poids lourd». Et, de fait, l'aiguille du compteur ne dépassera jamais la barre des 90 km/heure. «La consigne est simple: rouler un maximum, en s'arrêtant le moins possible», résume le porte-parole de la Sanef. La raison d'être prioritaire du patrouilleur est de bouger. Se mouvoir pour détecter tout ce qui, le long du tronçon sous surveillance, pourrait perturber une circulation fluide et sécurisée. Et transmettre, aussi vite que possible, toute information au «PCE», le poste central d'exploitation de Senlis. «Le patrouilleur, en étant présent sur l'autoroute, constitue le premier maillon d'une chaîne d'information par laquelle nous pouvons rétablir toute situation perturbée», prolonge le responsable de la société autoroutière.

    PARFOIS, C'EST UN JEU...

    13 heures 15. Sébastien B. se livre à une ultime inspection de sa camionnette de service. A bord, le chargement est assez sommaire: une poignée de cônes de signalisation, des couvertures anti-feu et de survie, quatre extincteurs de 8 kilos. Perchés sur le tableau de bord, un poste de radio permettant le contact avec tous les autres véhicules de la Sanef, ainsi qu'un boîtier de commande du «PMV» installé à l'extérieur du véhicule. Un «panneau à messages variables» par lequel le patrouilleur peut communiquer des infos urgentes aux automobilistes présents dans son sillage.

    Dans un habitacle proche de la surchauffe, Sébastien B. s'élance sur l'A 1 en direction du nord et du «PR 70», la borne kilométrique qui marque la fin du secteur surveillé. Le flot du trafic est encore modéré, même si les poids lourds monopolisent déjà amplement la bande de droite. «Il faut les voir dans la nuit du dimanche au lundi... Entre 23 heures et 1 heure du matin, ils occupent les deux voies en rangs très serrés. C'est impressionnant»

    .

    Durant les mois d'été, la tâche du patrouilleur se complique singulièrement avec l'apparition de nombreux vacanciers en route vers le sud de la France. «Beaucoup de véhicules hollandais, mais aussi du belge. Certains sont surchargés», raconte notre interlocuteur. Il n'est pas rare alors de voir tomber, du haut de galeries de toit trop garnies, des bagages ou des vélos... C'est là que la présence du patrouilleur peut s'avérer providentielle, en évitant qu'un incident mineur ne transforme l'autoroute en voie mortelle. «Lorsqu'il y a un accroc, quel qu'il soit, il faut d'abord penser aux gens qui arrivent derrière. Sur autoroute, où les vitesses sont tout de même importantes, c'est un principe vital. L'intervention doit être aussi rapide que possible, sinon ça peut dégénérer».14 heures. Alors que l'A 1 épouse une longue courbe, Sébastien B. aperçoit des cônes renversés en bordure d'une bande en réfection. Le véhicule de la Sanef s'immobilise presque instantanément sur la bande des urgences. Le trafic s'est considérablement densifié. «Il faut aller les redresser», dit-il avec un large sourire aux lèvres. Et le patrouilleur de se précipiter, à la manière d'un kamikaze, de l'autre côté de l'autoroute. L'intervention aura duré moins de deux minutes. «La peur? Les risques sont très calculés. Quand j'interviens, comme ici, je pense d'abord à ma sécurité. Celle des autres vient ensuite», explique-t-il très lucidement. Dans la foulée, il ajoute toutefois une petite touche plutôt piquante: «Parfois, je l'avoue, ça devient un jeu de se faufiler dans la circulation. On apprend à apprécier la distance des véhicules en fonction de leur vitesse». Grisant, effectivement.

    A l'origine, le dispositif des patrouilleurs fut lancé en raison de la multiplication des arrêts de véhicules - souvent des vacanciers - sur la bande des urgences. Une zone dont certains conducteurs ont manifestement une conception fort élargie... «La plaie, ce sont les GSM!», s'insurge Sébastien B., expliquant que lors d'un appel téléphonique, nombreux sont ceux qui décident de s'arrêter brutalement en bord d'autoroute pour poursuivre leur conversation à l'aise. Le patrouilleur ne jouit cependant d'aucun pouvoir de répression envers ces contrevenants. Leur mission relève davantage de l'information - voire de l'éducation/rééducation - aux règles de bonne conduite sur autoroute. Certains comportements relèvent parfois de l'inconscience... Lors de son deuxième passage à hauteur de Senlis, Sébastien B. détecte un véhicule garé en épi à proximité d'une zone de sortie. «C'est incroyable: le conducteur du véhicule, avec deux enfants à bord, s'apprêtait à prendre l'A 1 à contre-sens. Il m'a expliqué qu'il voulait rattraper la sortie pour le parc Astérix!».

    SANGLIER, CRS, PORTE DE RÉMY

    Plus loin, le combi de la Sanef s'immobilisera sur une zone «refuge» occupée par un fourgon victime d'une crevaison. Ici, c'est la routine. Le conducteur s'affaire personnellement à réparer les dégâts. Sébastien B. noue tout de même un bref dialogue, histoire de s'assurer que la réparation ne prendra pas trop de temps. Sur sa feuille de route, il répertorie minutieusement le motif de l'intervention, la plaque du véhicule, sa position sur l'autoroute, la direction suivie. Quatre cônes de balisage sont placés à même le sol en guise de précaution. Et voilà le travail bouclé. «C'est le type même d'intervention où il ne faut pas s'attarder»

    .

    Sébastien B. prendra aussi grand soin, tout au long de son va-et-vient du jour, à scruter les abords de l'A 1. Avec une attention toute particulière pour la qualité des grillages placés en bordure de zones boisées: «Je peux vous garantir que prendre un sanglier ou un chevreuil à 130 km/h, ça peut faire des dégâts». Pour l'anecdote, on a déjà aperçu des CRS galoper le long d'une de ces clôtures, fusil hypodermique à la main, pour tenter de maîtriser un chevreuil égaré...

    Rouler quotidiennement huit heures d'affilée, en s'arrêtant le moins possible, et en repassant à de multiples reprises devant le même pont sur l'Oise, le même péage, la même porte de Rémy, la même aire de stationnement, la même sortie vers Gonesse... Lassant? Sébastien s'étonne presque de la question. «Tant que cela bouge, j'aime ça. Et puis, avant d'être patrouilleur, je travaillais en cabine dans un péage», justifie-t-il, concédant toutefois que ses allers-retours entre Compiègne et Roissy ne pourront durer qu'un temps. Mais le plaisir de se lancer, chaque jour, à l'assaut de l'A 1 reste intact. «Chaque intervention est différente. Chaque personne rencontrée est différente. La routine n'est donc qu'apparente».

    MIEUX QU'UNE NATIONALE

    Revient alors, inévitablement, la question de la crainte d'être confronté, un jour ou l'autre, à l'accident traumatisant. Le carambolage sanglant, la collision meurtrière,... Sébastien B. hésite à remuer une mémoire dont on ignore si elle renferme effectivement un souvenir douloureux. De manière détournée, il accepte d'évoquer l'image parfois sombre du trafic sur autoroute. Les propos sont à la fois prudents et révélateurs d'un métier terriblement exposé: «C'est pas la catastrophe tous les jours. L'A 1 offre bien plus de garanties de sécurité qu'une route nationale»

    . Et de poursuivre: «J'ai appris à relativiser et à évacuer tout incident. Sans cela, c'est pas tenable... Mais un soutien psychologique serait peut-être intéressant». Le patrouilleur français n'en dira pas davantage.

    © La Libre Belgique 2001
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    Ange gardien de l'A 1 [ TSR ]  Empty Re: Ange gardien de l'A 1 [ TSR ]

    Message par Minijo Dim 23 Oct - 18:52

    Merci beaucoup, long mais intéressant Wink

      La date/heure actuelle est Jeu 16 Mai - 4:20